Créée il y a 8 ans dans la région auvergnate, Carbios s’érige aujourd’hui en leader mondial du recyclage et de la biodégradation enzymatique des plastiques. En d’autres termes, cette jolie start-up française a développé un procédé qui permet de recycler le plastique le plus utilisé dans le monde à l’infini (nb. Le polytéréphtalate d’éthylène ou PET), aussi facilement qu’on le fait avec le verre.

50% des déchets plastiques produits en France pourraient être entièrement recyclés
Le PET ne représente pas moins de la moitié du total des déchets plastiques produits en France en 2019. Il est entre autres présent dans nos bouteilles d’eau et de sodas, dans nos emballages, nos produits d’entretien et certains produits textiles.
Jusqu’alors, les procédés employés par les entreprises de recyclage ne permettent pas de récupérer 100% de la matière et de produire un plastique recyclé en phase avec les normes sanitaires. À titre d’exemple, du PET recyclé ne peut être au contact d’aliments. D’autres problèmes majeurs viennent compliquer le cycle de recyclage de cette matière. Le PET actuel peut être recyclé entre 4 et 6 fois avant d’être incinéré définitivement, faute de pouvoir lui donner d’autres vies. Les problèmes de collecte et de tri font que seul 10% du PET mis sur le marché est recyclé à ce jour.
Carbios s’attaque à un marché de taille
Avec sa nouvelle technologie, Carbios permet de récupérer 100% de la matière et de la transformer en un tout nouveau produit. Le procédé développé consiste à « manger et digérer le plastique » à partir d’une « enzyme qui fonctionne comme une sorte de ciseau et découpe les molécules de polyéthylène téréphtalate (PET) pour les transformer en monomères réutilisables à l’infini » explique Alain Marty, directeur scientifique de Carbios. À la fin du processus, le produit récupéré a les mêmes caractéristiques que le PET neuf. Cela permettra entre autres au PET recyclé grâce à la technologie de Carbios d’être utilisé à nouveau pour de l’emballage alimentaire, ce qui était jusqu’alors impossible.
Cette technologie peut transformer un objet en un autre en maintenant la qualité d’origine du PET, de quoi s’attaquer à un marché de 70 millions de tonnes produites chaque année. Une bouteille pourrait devenir un tee-shirt qui pourrait à son tour devenir un emballage et ce, à l’infini !
La technologie développée, place au terrain. Soutenue par un panel d’entreprises réputées, Carbios construit actuellement un centre de recyclage dans la banlieue lyonnaise. Ce dernier sera capable de traiter 2000 tonnes de PET. Les objectifs sont ambitieux et pour le moins réalisables. En 2023, Carbios aimerait construire une usine européenne pouvant traiter 100 000 tonnes par an et une dizaine d’autres dans le monde à l’horizon 2030. La stratégie est déjà bien huilée, Alain Marty avance que ses usines « seront installées à côté des usines de production de contenants en PET. Ainsi, au lieu de rentrer les matières premières issus du pétrole, elles récupéreront nos matières premières issus du recyclage ».
Une entreprise suivie de très près par Nestlé, L’Oréal, Pepsi et tant d’autres
Depuis sa création, la start-up ne manque pas d’impressionner et d’être soutenue financièrement par la BPI France et de Truffle Capital qui lui ont donné les moyens de développer sa technologie.
Plus récemment, L’Oréal, Nestlé, Pepsi, Orangina-Schweppes ont fait les yeux doux à l’entreprise clermontoise en lui proposant de l’aide dans l’établissement de la chaîne de valeur explique Alain Marty. « Ces groupes nous ont mis en relation avec les prestataires de la collecte de déchets français pour qu’on récupère les déchets plastiques, et aussi avec des producteurs de PET, pour voir s’ils accepteraient de travailler avec nos matières recyclées. Ce club de marque nous aide aussi à tester notre matériau sur les produits qu’elles vendent. Nestlé envisage même de remplacer le plastique de ses pots de yaourt, qui se recycle très mal, par du PET » confirme le directeur scientifique de Carbios.
Afin que l’on donne une nouvelle chance au plastique, Alain Marty entend bien le transformer de telle manière à conserver les avantages qu’il apporte (nb. Conservation des aliments, voitures légères) et à se débarrasser du problème qui lui colle à la peau, celui d’un produit difficile à recycler.
À bientôt,
La Petite Agence
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